Le chocolat chaud
Je venais juste d’arriver, j’étais un peu anxieuse, comme assez souvent quand je lui rendais visite.
Cette fois, il me proposa une boisson chaude autre que l’habituel café.
J’étais très agréablement surprise, ça m’a mise à l’aise d’emblée.
Il faisait si froid dehors, le ciel était gris-blanc, la neige pointait le bout de son nez,
j’avais envie d’un chocolat chaud.
Je restais debout, emmitouflée dans « mon manteau couverture » kaki, avec juste le visage qui
dépassait de la fausse fourrure de la capuche abaissée.
J’étais adossée au meuble bar de sa cuisine, je l’observais avec, c’est vrai, une réelle dé-lec-ta-tion.
Il prit le chocolat en poudre dans le placard juste face à lui, me le montra pour
obtenir mon approbation quant à la marque de ce dernier.
Il me demanda également conseil sur la tasse adéquate en fonction de la quantité que je souhaitais.
Puis il alla chercher le lait au frais et se mit à le délayer par petite quantité sur la poudre.
Il prenait bien soin d’éviter de faire des grumeaux.
C’est ce que j’en avais déduis, connaissant à présent un peu mieux sa manière d’être.
Je retrouvais ses « petites manières » qui m’amusaient tant.
Il commença alors à me dérouler le fil de sa vie, déjà 4 mois lors de notre voyage là-bas.
Je l’écoutais, très attentive, captivée par son récit et
surtout amusée par le soin qu’il portait à faire 2 choses à la fois.
Il déposa le joli mug à dominante rose dans le micro-ondes, le récupéra assez rapidement, y ajouta un morceau de sucre pierre, mélangea le tout doucement et me le déposa sur la table.
Je mis réellement quelques secondes avant de saisir la tasse, le temps de réaliser que
la saynète jouée devant mes yeux était déjà terminée.
Une fois entre mes mains, cette boisson onctueuse me réchauffa, et je fis durer au maximum sa dégustation.
Il venait de me préparer un chocolat chaud.
J’en étais « toute chose », vraiment touchée par cette délicate attention.
Vraie marque d’affection.
(Texte extrait de "Va-Et-Vient" avril 2016)
* * *
Corps
C’est un corps qui est né
Avec une ossature déformée,
C’est un corps qui est né
Avec une peau très abîmée
Mais mon âme l’a choisi pour s’y incarner
Pour faire vivre une vie
Ensemble ils cheminent sur la voie, direction : L’harmonie.
Je sais faire des compromis avec lui,
J’ai appris à le comprendre,
Je peux le ressentir, anticiper, le faire se poser
Ce corps que j’ai si souvent violemment détesté.
Je le trouvais faible, trop fragile, douloureux,
Hideux, difforme
Je le découvre courageux, fiable,
Et presque conforme.
Je respecte mieux toutes ces traces laissées
Elles témoignent des énormes sillons creusés,
Pourtant les cicatrices ne sont pas si laides
Elles appartiennent juste à mon histoire
Elles confirment d’où je viens,
Elles sont uniques et rares.
Mon corps a un rôle représentatif
Il permet d’exister, d’agir, de construire
À moi d’en prendre grand soin
Parce que c’est grâce à lui que je vis
Il est, je suis,
Nous sommes ancrés sur cette planète
Les deux pieds bien posés à terre.
(Texte extrait de "Va-Et-Vient" avril 2016)
* * *
Mes yeux
Comme ça, un soir, tu m’as dit que
Tu les aimais vraiment,
Que tu les regardais souvent… Ah bon ?
Quand tu m’as avoué que tu avais regardé
En premier mes yeux, ça m’a amusé.
Que, depuis toutes ces années, là-bas quand nous étions par exemple à table,
J’étais en face de toi, installée parmi les autres,
C’est uniquement eux que tu observais déjà.
Qu’en toute discrétion tu ne les lâchais pas…
Qu’avec moi près de toi maintenant
Tu ne pouvais t’empêcher de déposer
obligatoirement un baiser sur ces 2 là.
Parce que dedans tu vois tout de moi,
Quand je suis amoureuse tu me dis
Qu’ils changent et s’ouvrent à toi.
Quand le désir est là,
Immédiatement tu le sens, tu le sais et
tu t’approches, tu viens me chercher
pour que je sois avec toi…
Avec eux pétillants, c’est bien moi qui suis
dans tes bras et qui te tiens très fort la main,
moi qui vis toute entière dans ton cœur.
Ils savent aussi parfois se fermer, délicatement,
Pour te ressentir pleinement
À l’intérieur.
Ils adorent partager avec toi.
Ils ont sacrément du mal
À te quitter parfois…
Mes yeux ne veulent rien te cacher de moi,
Ils te donnent tout ce qui est,
Tout ce que je suis.
Ils ne mentent pas, et ne se défilent pas.
Ils n’aiment que toi.
Tellement, tellement…
Ils te le disent tout le temps.
(Texte extrait de "Va-Et-Vient " avril 2016)